
L’industrie automobile européenne traverse une phase critique. Entre des normes écolo de plus en plus corsées, des coûts qui grimpent et des voitures électriques encore timides sur les routes, les constructeurs ont du pain sur la planche. Stellantis, le géant qui chapeaute Peugeot, Citroën, Fiat et Opel, mise sur une approche pragmatique et flexible. Objectif ? Verdir sa flotte sans plomber la compétitivité européenne ni faire pleurer les employés dans les usines.
Stellantis abandonne le « tout électrique » d’ici 2030
Au départ, Stellantis rêvait grand : tout électrique en Europe d’ici 2030. Eh bien… le rêve a pris un petit coup de frein. Jean-Philippe Imparato, le patron de Stellantis Europe, ne tourne pas autour du pot : « Économiquement, cela ne colle pas. Les bornes de recharge sont encore un peu aux abonnés absents et les tarifs font mal au porte-monnaie.
Ainsi, Stellantis adopte une stratégie multi-énergies : véhicules hybrides, motorisations à autonomie prolongée et modèles électriques continueront de coexister. Cette approche permet de répondre aux exigences environnementales. Mais pas que, elle permet aussi de maintenir une offre adaptée aux besoins et aux moyens des automobilistes européens.
Les utilitaires légers : un enjeu stratégique
Les fourgons et autres utilitaires légers constituent un défi majeur. Aujourd’hui, seuls 9,4 % de ces véhicules sont électriques ou hybrides rechargeables. Autant dire que c’est loin du compte si l’on veut respecter les quotas CO2 fixés par l’Union européenne.
Du coup, Stellantis propose donc :
- d’ajuster les objectifs sur une moyenne de cinq ans ;
- ou de réévaluer certains seuils pour éviter des coûts prohibitifs pour les clients.
Cette flexibilité constitue aussi un bouclier pour des usines clés, comme celle d’Atessa en Italie, où naissent le Fiat Ducato et le Peugeot Boxer. Des milliers d’emplois en jeu, autant dire qu’on parle de gens et pas juste de boulons. Une démarche pragmatique qui combine stratégie industrielle et responsabilité sociale.
L’e-car : démocratiser l’accès à l’électrique
Stellantis développe également une petite voiture électrique abordable, baptisée « e-car ». Inspirée des kei cars japonaises et du carro popular brésilien, cette voiture compacte et simplifiée est pensée pour être accessible au plus grand nombre.
Caractéristiques envisagées :
- Prix cible : environ 15 000 euros
- Motorisation : mild-hybrid avec puissance et vitesse limitées à 110 km/h
- Assemblage : exclusivement en Europe pour réduire les coûts et favoriser l’emploi local
Avec l’e-car, Stellantis vise juste : une petite électrique abordable, sécurisée, écolo-friendly, et sans gadgets qui font grimper la note.
Flexibilité et renouvellement du parc : un levier environnemental
Stellantis mise aussi sur le renouvellement du parc automobile. Des mesures comme les primes à la casse et les supercrédits seraient appliquées pour encourager le remplacement des véhicules les plus polluants par des modèles récents, hybrides ou électriques.
Cette stratégie présente plusieurs avantages :
- Réduction effective des émissions de CO2 à court terme ;
- Soutien aux concessionnaires via l’intégration des voitures d’occasion récentes dans les calculs CO2 ;
- Limitation de la dépendance aux fonds publics, car le mécanisme repose sur des crédits plutôt que sur des subventions directes.
Une stratégie européenne réaliste et socialement responsable
Avec ce plan, Stellantis choisit la pragmatisme et la flexibilité plutôt que des objectifs irréalistes. Hybrides, motorisations électriques et petites voitures abordables coexistent pour garantir une transition progressive et socialement responsable.
L’avenir de l’automobile européenne ne sera pas seulement électrique : il sera accessible, adaptable et réaliste. Cette stratégie pourrait servir de modèle à l’ensemble de l’industrie pour les années à venir.