Les constructeurs allemands Volkswagen, BMW, Audi, Porsche et Daimler sont soupçonnés d’entente illégale visant à contourner les règles anti-pollution.
Deux ans après le scandale du trucage des véhicules diesel par le groupe Volkswagen, un autre scandale encore plus conséquent a éclaté en outre-Rhin. Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, les grands constructeurs allemands seraient responsables d’une fraude concernant les émissions nocives.
Ils se seraient concertés secrètement depuis les années 1990 pour se mettre d’accord sur le nombre d’aspects techniques de leurs voitures, lésant ainsi les consommateurs.
Un cartel allemand aurait été formé pour évaluer la taille des réservoirs d’Adblue, un additif qui permet de réduire les émissions d’oxyde d’azote. Les marques allemandes se seraient donc tournées vers des petits réservoirs dans le but de réduire les gaz émis.
Si toutes ces données sont exactes, « cela coûtera des dizaines de milliards d’euros à l’ensemble des constructeurs concernés et au moins quelques milliards d’euros à chacun d’entre eux », selon Franck Schwope, expert de la banque allemande Nord/LB, interrogé par l’AFP.
L’amende de l’Office anti-cartel allemand peut aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, soit près de 50 milliards d’euros pour les principaux concernés (en fonction de leurs revenus de l’année dernière).
Cette perte potentielle de bénéfice n’est pas la seule préoccupation ! En effet, la réputation de l’industrie automobile allemande pourrait souffrir énormément. D’ailleurs, Stefan Bratzel, le directeur du Center Automotive Management (CAM) annonce « une catastrophe absolue pour la crédibilité de l’industrie ».
Klaus Müller, responsable de la Fédération allemande des associations de consommateurs, évoque la possibilité de dizaines de milliers de plaintes d’automobilistes qui ont été lésés ; ils auraient payé un prix trop élevé pour leur véhicule.
Si aucune enquête n’a été ouverte, Bruxelles et l’Office allemand anti-cartel ont précisé qu’ils ont reçu des informations. Pour l’instant, ces informations « sont en train d’être examinées », a confié samedi l’exécutif européen.
Volkswagen n’a rien déclaré pour le moment et Daimler a répliqué en précisant qu’il appliquait son programme interne du respect du droit de la concurrence. Quant à BMW, il a nié catégoriquement les faits et confirme qu’aucune de ses voitures n’a été trafiquée.
L’affaire reste en suspens pour le moment. La VDA (Union de l’industrie automobile) condamne la participation à des ententes illégales, mais appelle à « ne pas tirer de conclusions hâtives sur l’ensemble de la branche ».