C’est fait : depuis dimanche dernier et le Grand Prix d’Austin, au Texas, Lewis Hamilton est devenu Champion du Monde de Formule 1 pour la 3ème fois de sa carrière. Zoom sur ce britannique au destin tracé depuis de nombreuses années maintenant.
Il lui « suffisait » de remporter le dernier Grand Prix des Etats-Unis, à Austin, devant son coéquipier Nico Rosberg et Sebastian Vettel pour devenir un triple Champion du Monde. Avec brio, mais aussi avec un peu de chance, l’anglais est parvenu à inscrire une nouvelle fois son nom au palmarès du Championnat du Monde de Formule 1, rejoignant ainsi les Nelson Piquet, Ayrton Senna ou encore Niki Lauda. Lui, c’est Lewis Hamilton, pilote Mercedes depuis 2013 et la retraite de Michael Schumacher, grâce à qui l’équipe a pu décrocher un peu plus tôt dans la saison son second titre de Champion du Monde des Constructeurs. Hamilton est un garçon hors-norme, formaté depuis de nombreuses années déjà à la victoire au plus haut niveau. Bien aidé à ses débuts par son père, Anthony Hamilton, et grâce à lui, dans un gala de fin de saison, il rencontre Ron Dennis (le grand patron de McLaren) à l’âge de 9 ans. À l’époque, le petit garçon pratique le karting, enchaîne les performances de haute volée et est déjà dans le collimateur des meilleurs agents. Ce jour-là, face à un Ron Dennis qui vient de perdre Ayrton Senna pour Williams à l’intersaison, il ose avec cupidité prononcer la phrase suivante : « un jour, je veux piloter pour vous, M. Dennis« . Bingo.
Quand McLaren intègre Lewis Hamilton
C’est à partir de ce moment-là que Ron Dennis décide de suivre le pilote anglais. Comme prévu, Hamilton gagne tout en karting et dans les formules de promotion, et il est propulsé en 2004 en F3 Euroseries, au sein de l’équipe ASM, désormais Art Grand Prix. Il termine meilleur rookie de l’année en se classant 5ème du Championnat, et arrive en 2005 en tant que favori. Il remporte le titre haut-la-main, battant son coéquipier, un certain Adrian Sutil, mais aussi le meilleur rookie de l’année : Sebastian Vettel. Aussitôt propulsé en GP2 au sein d’Art, il remporte le championnat un an après Nico Rosberg, dès sa première participation. Déjà pilote essayeur pour McLaren, les choses vont s’éclaircir à l’intersaison : Kimi Raïkkönen en partance pour Ferrari, il reste un bacquet à pourvoir pour 2007 aux côtés du double champion du monde en titre tout juste arrivé, Fernando Alonso. C’est Hamilton qui décrochera le volant, devant un Pedro de la Rosa qui assura l’interim en 2006, en remplacement de Juan-Pablo Montoya. Et cette cohabitation donnera lieu, surement, à l’un des duels les plus palpitants qu’ait connu la F1 moderne. En bagarre toute la saison, Fernando Alonso reproche à sa nouvelle équipe de favoriser Lewis Hamilton. Ce dernier, qui se retrouve en bataille pour le titre mondial dès sa 1ère saison de Formule 1, devient le pire ennemi d’Alonso. À deux courses de la fin du championnat, Hamilton est en tête devant Alonso, et Kimi Raikkonen, sur sa Ferrari, est 3ème, à 18 points d’Hamilton. Ce qui va se passer restera dans les annales du sport.
Shangai 2007, le tournant
Dans un Grand Prix de Chine mi pluvieux, mi sec, les pneus sont mis à rude épreuve. Alonso, tout comme Hamilton, sont en difficulté face à Raïkkönen, et Hamilton, usant ses pneus jusqu’à la ficelle sous les ordres de son équipe, va sortir dans le bac à graviers à l’entrée de la voie des stands. Le plus petit bac à graviers du championnat, certes, mais suffisamment grand pour laisser la McLaren posée sur le fond plat. C’est l’abandon. Raïkkönen gagne, et au Brésil, pour la dernière manche, Hamilton va malencontreusement appuyer sur le bouton ‘Reset’ de son volant en pleine course. Ceci aura pour incidence de le ralentir très fortement, et Raïkkönen gagne finalement la course et le titre de Champion du Monde. À l’intersaison, Alonso quitte McLaren pour retourner chez Renault, et on voit mal comment Hamilton pourrait être battu à la régulière dès l’entame de la saison. Encore une fois, un final de saison incroyable – surement le plus grand final de toute l’histoire de la Formule 1 – où la bagarre contre Massa (Ferrari) va atteindre son paroxysme.
Brésil 2008, la délivrance
Il pleut, il reste 5 tours à parcourir, Hamilton doit au moins terminer à la 5ème place pour être Champion. Sauf qu’il n’est que 6ème lorsque Vettel, sur sa Toro Rosso, réussi à le dépasser… et que Massa caracole en tête, devant son public. Le Brésilien donne tout, gagne l’épreuve, c’est l’explosion de joie dans le circuit et dans le stand Ferrari. Sauf qu’au même moment, dans l’indifférence générale, Hamilton va réussir, dans le dernier virage à doubler un Timo Glock en pneus slicks détruits. L’Anglais est finalement 5ème, il est Champion du Monde, et c’est une scène cocasse qui prend alors forme, lorsque les staffs des deux équipes fêtent le titre, simultanément, dans les stands. Sauf que celui-là n’est pas pour Ferrari. Les saisons suivantes sont moins fastes pour Hamilton, qui gagne quelques courses mais ne parvient jamais à reconquérir le titre, même en 2010 où il faut attendre la dernière épreuve de la saison pour anéantir définitivement ses chances. Surtout, il connaît la rivalité interne d’un Jenson Button, lauréat en 2009, qui se voit pousser des ailes.
Mercedes, le renouveau
Pour la saison 2013, Hamilton choisit de quitter McLaren après 19 ans passés au sein de l’équipe, pour rejoindre Mercedes en remplacement de Michael Schumacher. L’objectif : quelques victoires en 2013, et le titre en 2014. Et fort d’un don de voyance sous-estimé jusque-là, Lewis Hamilton va réussir ce pari. Certes, bien aidé par un lourd travail de fond effectué depuis 2010 par Schumacher et Nico Rosberg, mais aussi par un changement de réglementation moteur en 2014 qui avantagera fortement Mercedes, Lewis Hamilton réussi à développer l’étendue de son talent pour coiffer le titre en 2014. De manière implacable, il met fin à l’hégémonie de Sebastian Vettel et Red Bull, et explose littéralement ses adversaires. Même Nico Rosberg n’y pourra rien. En 2015, rebelote : à aucun moment, Nico Rosberg ni les autres concurrents, ne sauront réellement contrecarrer Hamilton. Pire, même, son coéquipier est carrément oublié en interne et ne pèse plus aucun poids dans la balance de l’équipe. Malgré les belles performances de Vettel chez Ferrari, rien n’y fait : Hamilton est le meilleur pilote du moment. Et il y a fort à parier que la tendance soit équivalente en 2016. Si Hamilton parvenait à remporter un 3ème titre de champion du Monde consécutif, il égalerait ainsi Alain Prost et Sebastian Vettel.