En cette fin de saison 2015, Renault a redonné du baume au cœur de ses fans, en annonçant son implication en tant que constructeur dès 2016, en lieu et place de Lotus. Pourtant, Renault était « très proche » de quitter la Formule 1, selon le quadruple Champion du Monde Alain Prost.
Renault a connu deux dernières saisons compliquées en Formule 1. En effet, fort de ses 4 titres consécutifs de Champions du Monde aux côtés de Red Bull et de Sebastian Vettel, entre 2010 et 2013, le constructeur français croyait que le passage au moteur V6 1,6 Litres allait se passer sans encombres. Mauvaise pioche : le bloc français est une catastrophe et est complètement à la rue dès le début de saison 2014, outrepassé par le surpuissant moteur Mercedes et le bloc propulseur Ferrari. Des difficultés dures à pallier, à tel point que 2015 sera encore pire : si Daniel Ricciardo avait réussi à s’imposer en 2014 à 3 reprises, en étant le seul pilote à stopper l’hégémonie de Mercedes, le moteur Renault ne remportera aucune victoire en 2015… Une première depuis 2007 ! Ainsi, la question de l’engagement de la marque pouvait se poser. D’un côté, un sentiment d’injustice de se faire « taper sur les doigts » par Red Bull pour son manque de performance, comme si ces seules contre-performances étaient à l’origine des mauvaises performances de toute l’équipe, et de l’autre côté, un sentiment de non reconnaissance pour les victoires accumulées au début des années 2010. Pour des raisons financières et après le scandale du Crashgate de Singapour, Renault avait décidé, fin 2009, de redevenir uniquement motoriste. Mais le constat est sans appel : motoriser n’apporte pas la médiatisation escomptée et il fallait prendre une décision.
Renault : Entre histoire et marketing
Aussi, l’idée de redevenir constructeur à part entière se dessinait dès la moitié de saison 2015, avec l’idée de racheter l’équipe Lotus, en proie à de grandes difficultés financières. Sauf que tout cela a un coût considérable, que le grand patron Carlos Ghosn n’a en aucun cas voulu négliger. En effet, Renault fait partie de ces marques qui n’ont jamais cacher leur attrait pour le sport automobile uniquement pour des raisons mercatiques, et apparaître en tant que constructeur, ne serait-ce que pour des raisons de diffusions télévisées, permet à la marque de rentabiliser davantage l’investissement. Voilà pourquoi le projet était alléchant, mais l’on a appris il y a quelques jours que Renault, pas encore décidé à faire son « come-back » en 2016, était prêt à se désengager totalement de la discipline. Et c’est Alain Prost, l’ancien pilote Renault et surtout quadruple Champion du Monde de Formule 1, qui l’explique : « Quelques jours avant le dernier Grand Prix de la saison, à Abu Dhabi, Renault était très, très proche d’un retrait et l’accord semblait fichu« . Pourtant, Renault avait bien adressé au Tribunal du Commerce de Londres une lettre d’intention de rachat de l’équipe, fin septembre. Mais des désaccords commerciaux entre la marque et Bernie Ecclestone, le grand patron de la Formule 1, autour des revenus publicitaires attribués à Renault en cas de retour, étaient en cause dans le possible retrait de la marque. Heureusement, les parties ont trouvé un accord et jeudi 3 décembre dernier, Carlos Ghosn avait tranché : Renault sera constructeur en Formule 1.
Alain Prost aux commandes, Maldonado mis sur la touche ?
Le rachat de Lotus F1 par Renault pose de nouvelles problématiques. Si depuis hier, Renault a finalisé de manière définitive le rachat de l’équipe, l’arborescence interne du groupe risque d’être chamboulé. Aussi, Alain Prost pourrait se retrouver à la tête de l’équipe ! « Je dois attendre janvier », confiait-il à nos confrères de Motorsport.com cette semaine. En effet, Carlos Ghosn avait, lors de l’officialisation du rachat, affirmé que toutes les questions managériales seraient réglées en début d’année 2016. Autre nom souvent cité dans le cadre du management de l’équipe : Frédéric Vasseur, patron de ART Grand Prix, équipe engagée en GP2, qui pourrait dans ce cas-là servir d’écurie B à Renault comme elle le fût cette saison pour McLaren-Honda, ou par le passé pour Lotus, justement. L’autre énigme de cette prise de pouvoir concerne les pilotes. Oui, car si Pastor Maldonado et Jolyon Palmer avaient signé un contrat pour la saison 2016 avec Lotus, rien n’empêcherai Renault de se séparer d’un, voire de deux de ces garçons ! Aussi, le flou qui entoure actuellement le sponsor de Maldonado, PDVSA (le pétrolier national du Venezuela, ndlr), pourrait mettre un terme à l’aventure du vainqueur du Grand Prix d’Espagne 2012. Une aubaine pour Mathieu Vaxivière, pilote en Formule Renault 3.5 et dans le collimateur de Renault pour un poste de troisième pilote, voire pour Nathanaël Berthon, un autre français qui brille en GP2 ? Affaire à suivre.